La boîte à outil sophrologique en entreprise


Par Dominique Mertens

 

Article paru dans le TresSage 9 de décembre 2017.

 

Je travaille en grande entreprise depuis plus de 30 ans. Si mon métier me passionne, je suis passée par des épisodes de stress intense ainsi que des périodes de démotivation, de rejet, de ce système où trop souvent le retour sur investissement compte plus que l’aspect humain.

 

La pratique

Une pratique régulière de la sophrologie m’a permis de “changer de regard” sur mon travail, de prendre du recul par rapport à mon investissement émotionnel, sans pour cela toucher à la qualité de mon investissement professionnel.

 

La sophrologie recèle des trésors dont nous pouvons nous servir sur notre lieu de travail, au gré de  nos besoins. Soit parce que la demande psychologique de travail est, à un moment donné supérieure à ce que nous sommes capables de donner ; soit parce que nous voulons nous préparer au mieux à une situation qui nous rend nerveux ou qui est difficile pour nous ; soit encore pour lâcher prise par rapport à des évènements sur lesquels nous n’en avons aucune.

Il faut cependant faire une distinction entre l’entrainement régulier et la régulation “dans le moment”. Une respiration profonde pourra toujours nous aider à retrouver (ou à trouver) un calme intérieur, à se détacher des évènements, à prendre un peu de recul. Mais l’exercice en lui-même sera peu bénéfique sur la durée s’il ne s’inscrit pas dans une “hygiène” de vie sophrologique qui va développer notre résistance aux évènements générateurs de stress.

 

Mais essayons d’abord de définir le stress en entreprise.

 

Le travail, c’est la santé ?

Travail : “De l’ancien français, « travail » (tourment, souffrance) (XIIe siècle), du bas latin (VIe siècle) « tripálĭus du latin tripálĭum » (instrument de torture à trois poutres)” (Source Wikipédia)

 

Le travail est-il plus dur aujourd’hui qu’hier ? Avec l’avènement d’internet, l’évolution des moyens de communication et le bond technologique des outils mis à disposition, notre façon de travailler a plus évolué durant ces dix dernières années que depuis la seconde guerre mondiale : le nombre d’informations à traiter chaque jour augmente de façon quasi exponentielle.

Ces outils, et la mobilité qu’ils procurent, tendent également à gommer la limite entre vie professionnelle et vie privée, le plus souvent au détriment de cette dernière.

La mondialisation et son corollaire, l'incertitude du marché de l’emploi aggravent encore la situation. Même en ayant fait de “bonnes” études, doté d'une rigueur au travail, d’expérience, de qualités indéniables, un travailleur n’est pas à l’abri d’une restructuration ou d’une faillite. La stabilité de l’emploi liée à la relation fidèle à un employeur n’a aujourd’hui plus beaucoup de sens. Le travailleur se considère de facto comme un pion que l’on déplace ou sort du jeu, alors même que la qualité de son travail n’est pas en cause.

 

Restons objectif : tout travail comporte une part de stress. Certains des agents de stress sont intrinsèques à la mission et ne peuvent donc pas être éliminés. Cependant nous ne sommes pas tous équipés de la même façon pour gérer ce stress. Seul le travailleur détient une partie de la solution qui lui sera propre. Aussi, est-il souhaitable d’anticiper, de travailler sur notre ancrage, et de parfaire notre résistance aux événements perturbants, d’apprendre à gérer le stress au mieux, de manière à conserver le juste équilibre sensoriel et émotionnel dans nos activités.

 

Pourquoi travaillons-nous ?

Abraham Maslow (1908-1970) a établi une classification des besoins qui se trouve être un outil intéressant pour repérer les besoins qui entretiennent les motivations en lien avec la sphère professionnelle.

 

Le travail doit couvrir les besoins physiologiques et de sécurité. C’est sa fonction première.

Aujourd’hui, il en comble bien d'autres :

  • besoin d’appartenance : recherche de relations harmonieuses avec les collègues, lien avec le groupe, l'image, la culture de l'entreprise;
  • besoin d’estime : recherche de reconnaissance ;
  • besoin de réalisation de soi : facteur de réussite personnelle et sociale.

Afin de conserver un équilibre harmonieux, ces besoins supérieurs peuvent effectivement trouver satisfaction dans le travail mais pas uniquement. Ils doivent idéalement pouvoir s'exprimer dans d’autres domaines de la vie (personnelle, amicale, spirituelle).

 

La gestion du stress sur le lieu de travail

Le stress est ressenti lorsqu'un déséquilibre est perçu entre ce qui est exigé de la personne et les ressources dont elle dispose pour répondre à ces exigences.” (source)

 

Rappelons que le stress est avant tout un phénomène positif, qui permet d’affronter ou de dépasser une situation vécue comme dérangeante.

Au-delà des techniques de prévention, et afin d'éviter son accumulation néfaste pour l'organisme, la première mesure à prendre est de réduire (dans la mesure du possible) les “stresseurs”. Ceux-ci peuvent être classés dans deux catégories :

  • Les stresseurs objectifs, qui sont les mêmes pour tout le monde : une date à respecter, une réunion ou présentation difficile, une quantité à produire, ...
    Une bonne approche pourrait être de voir sur lesquels nous pouvons agir : les supprimer, les relativiser, demander une aide extérieure... Quant aux autres, sont-ils transitoires ou structurels ? Pouvons-nous alors lâcher prise sur ces derniers ?
  • Les stresseurs subjectifs, qui peuvent varier d’une personne à l’autre : le rapport au temps, la gestion de l’urgence, la fatigue, le pessimisme, le niveau d’exigence, …
    Ceux-ci sont nombreux et mettent en question nos attentes, confrontées aux besoins que nous aimerions satisfaire.

En quoi la sophrologie est-elle aidante en entreprise ?

Si l’on veut faire face aux contraintes et exigences de la vie en entreprise, il s'agit de réguler constamment notre niveau d’énergie en fonction des moments de la journée et des attentes. N’est-ce pas là un des bénéfices premiers de la sophrologie ?

Ainsi, prendre quelques minutes pour soit, durant notre journée et sur notre lieu de travail, permet d'ajuster notre présence, notre stress, notre concentration.

Les outils sophrologiques sont bien adaptés au milieu de l’entreprise car :

  • ils se pratiquent facilement, sur des temps courts, sans aucun accessoire,
  • ils remettent dans le corps, donc atténuent le flot des pensées,
  • ils permettent un recentrage, un retour à soi qui impacte aussi notre capacité à prendre du recul.

A choisir dans la boite ci-après pour nous aider à gérer les situations dans lesquelles nous nous sentons un peu dépassés (curatif) ou pour accentuer notre ancrage et la conscience de nous-mêmes  pour mieux vivre une situation qui requiert toute notre énergie et attention (préventif).

 

J’ai donc revisité toute notre panoplie d’outils afin de voir dans quelles situations ils pouvaient être aidants. Bien sûr, cette déclinaison est tout à fait personnelle. D’autres y trouveront d’autres bénéfices tout aussi valables.


La boîte à outil


Améliorer la confiance en soi

Ancrage (enracinement, grandir, arbre, ...) Fermement ancré dans le sol, stable, sentiment de présence et d’existence.
Asymétrique extension Je grandis, je prends de la place, je m’installe chez moi, j’occupe ma place.
Exercice du poids Force musculaire en action, sous-tendue par la volonté d’atteindre un but. Justesse d’appréciation (le bon poids).
Barattage abdominal M’ancrer dans mes profondeurs, être en contact avec mon centre, ne pas me laisser déstabiliser par les autres.
Moulinets Notion d’affrontement. Je peux choisir de puiser de la détente ailleurs que dans ma colère et ma crispation.
Exercice de la tête : Av/Ar - latéral - rotation Oui de l’acceptation (mais jusqu’où ?). Non du refus, de la protestation (mais jusqu’où ?). Trouver l’équilibre, ce qui est juste pour moi.
Grandir / L’arbre

Sentiment de se déployer, de prendre sa place, de prendre de l’ampleur.


Sortir du cadre, s’ouvrir à d’autres possibles, ne pas rester figé

Massages Intention de curiosité, m’ouvrir au geste inattendu
Asymétrique contraction-extension Possibilité d’exister dans 2 sensations opposées. Sentiment de préférence ou d’acceptation de la différence.
Balancement latéral du tronc Ouverture d’un côté et puis de l’autre, en même temps qu’une élévation
Polichinelle Je m’autorise à expérimenter, à trouver le mouvement qui me convient
Moulinets Notion d’affrontement. Je peux choisir de puiser de la détente ailleurs que dans ma colère et ma crispation.
Rotation de tout le corps Liberté, joie, souvenirs d’enfance.

Se vider l’esprit, faire le vide, s’apaiser, lâcher prise

Massages Ramener au corps et au calme de l’esprit
Exercice du poids Se débarrasser de ce qui m’encombre
Expiration nez / nez-yeux-oreilles Clarté, vide, sensation de légèreté
Haussement des épaules Evacuation des tensions, mouvement symbolique
Moulinets Evacuation d’un excès d’énergie ou d’une émotion
Respiration entre les mains Centrage, apaisement, dédramatisation, prise de recul
Tension progressive du corps

M’autoriser à lâcher la tension.

Gestion émotionnelle

M’imprégner de positif

Gestion du stress

Relativiser une situation stressante, y mettre une autre vivance (positive)


Se respecter

Asymétrique contraction-extension Prise de conscience de ce qui est bon pour moi
Haussement des épaules Décontraction et insouciance

Se redynamiser, se redonner de l’énergie

Circulation énergétique … avec allumage des trois foyers
Extensions des membres supérieurs Sur l’inspiration, je prends de l’énergie de l’extérieur, sur l’expiration, je l’installe en moi
Haussement des épaules Evacuation des tensions, mouvement symbolique
Respiration entre les mains Centrage, apaisement, dédramatisation, prise de recul