L'aventure du cycle d'approfondissement


Par Martine Dupuy

 

Article paru dans le TresSage 3 de décembre 2014.

 

Je suis sophrologue.

Sophrologue praticien dûment diplômé en Sophrologie Dynamique®. Cela a été la première aventure. Une histoire de quelques mois où il s’est passé tant de choses. Tant de choses à découvrir en soi, pour soi. Enfin le passage de fin d’aventure pour commencer à mon tour à transmettre. Je me lance ! J’exerce ma pratique dans le réel maintenant. Pour moi et quelquefois pour d’autres. En un peu plus d’une année, je balaye l’ensemble des techniques qui m’ont été enseignées. J’en oublie quelques-unes, j’en évite d’autres, je me régale avec certaines, dont l’effet est inépuisable pour moi. Le fun.

 

D’autres stages me sont proposés pour creuser dans les fonds ou élargir mon public. Et bien sûr, de temps en temps, je viens reboire à la source, revoir les fondamentaux, revisiter mes oublis, confronter mes propres inventions et trouvailles avec les schémas de bases.

Cela peut suffire à mon bonheur et celui des personnes qui viennent dans mes séances.

Ou pas.

 

D’où sort cet outil sophrologique, cocktail de plein de techniques anciennes et plus modernes ? Pourquoi progresse-t-il ainsi ? Pourquoi ne peut-on progresser autrement dans les séances? Et avec celui-ci, qui ne dit rien, comment m’y prendre ? Avec celle-là, je m’impatiente, ou je m’inquiète, ou je m’énerve,… à moins que je ne baisse les bras ! Cela me laisse un brin perplexe, un brin coupable, un chouia de colère dont je ne sais si c’est contre elle ou contre moi. Laisser tomber ? Appeler le « service après-vente », ou un plus ancien ? Chercher ailleurs ?

 

Ou m’engager dans la seconde grande aventure : le cycle d’approfondissement.

Cela paraît, selon mes sources, une petite ou grande affaire. Et c’en est une ! A la fois petite et grande.

3 ans et 10 stages de 3 jours et demi : une grande affaire au début, un véritable challenge. Mais à petits pas. A la fin un grand pas dans la connaissance de soi, dans sa compétence d’être vivant. Un grand pas dans la connaissance de l’autre, différent et semblable dans sa quête de vitalité, de ressources, de sens. Un grand pas dans la connaissance de l’outil, sa complexité, sa finesse, sa profondeur.

Chaque pas est une grande et petite affaire.

 

La première année s’occupe en trois stages de la relation d’aide.

Ou comment on découvre que l’autre est un univers à lui tout seul. Qu’avec notre outil sophrologique, nous pouvons avoir accès à cet univers de différentes manières, chacune présentant ses avantages et agissant spécifiquement pour l’équilibrage de l’ensemble. Toutes les techniques sont reliées entre elles, font interconnexions en permanence. La force de cet outil réside dans son montage précis, à condition d’investir chaque séquence de toute la dimension humaine. Vous ne faites qu’une introspection « simple » ? Elle peut à elle seule faire vibrer la dimension charnelle de la personne, sa dimension émotionnelle, laisser l’intuition s’y inviter et déployer toute son envergure du Vivant dans sa dimension transcendante. Un simple massage du corps vous dis-je… Grandiose !

Les séances plus élaborées prennent alors l’allure d’un voyage sans cesse renouvelé, surprenant, réinventé, sous les tropiques comme au pôle boréal ou en climat plus tempéré. Les retours de séances commencent à devenir palpitants : entrer dans l’univers de l’autre, y saisir ce qui le ressource dans l’instant. Le sophrologue se fait Sherlock Holmes. Enquête intérieure plutôt qu’interrogatoire. La perception comme loupe, l’émotion toute en flegme, l’intuition en première ligne. L’échange emprunte à la communication non violente ses bases fondamentales, qui – ô comme cela est curieux ! – n’offre que ponts et convergences avec notre sophrologie dynamique.

 

La seconde année explore la dimension jungienne de notre outil.

Yves Davrou l’avait posée, Eliane Laxague l’affine, le tricote, détricote et retricote au fil de deux stages. Certes à partir de soi. Mieux se comprendre, toujours. Mais la complexité jungienne devient là concrète, attrapable. Pas qu’une affaire de tronche. Du vécu, de la pratique. Vivre dans sa chair, dans ses sentiments, dans son intuition et ses pensées, ces courants énergétiques dont la circulation alimente notre vitalité. Combustible inépuisable. Apprivoisement de nos pôles opposés, de nos complémentarités. Force et vulnérabilité. En soi. De l’outil. Et de l’autre aussi, par évidence alors.

Et la simple séquence corporelle peut devenir exploration de pôles énergétiques, en haut, en bas, d’un côté, de l’autre… en diagonale pourquoi pas ? Le corps nous apprend que tout est lié, relié. Chaque exercice devient voyage initiatique. Chaque ajustement devient un équilibrage intérieur, bien plus vaste que celui de notre tonus musculaire. Aller d’un pôle à l’autre sans défaillir, avec cette nouvelle audace circuler jusqu’à nous poser au bon endroit, dans la juste tension. La globalité devient vastitude…C’est la deuxième année du cycle. Point d‘équilibre entre l’agir et l’être.

 

Alors vient le temps de la troisième année. L’être en devenir.

Après les bases occidentales de notre sophro, nous explorons l’outil dans sa version asiatique. Autre façon de concevoir la Vie, L’Homme, la Nature. Il nous fallait la globalité jungienne pour aborder autrement que comme une langue étrangère cette philosophie.

La séance de sophro ne produira pas les mêmes effets en automne ? Au printemps ? Le matin ou le soir ? En début ou fin de semaine ? L’orient nous ouvre la perspective du cycle, l’importance de donner sa place entière à chaque exercice, dans le cycle du temps. L’espace et le temps s’invitent dans nos séances, qui deviennent cycles dans le plus grand cycle de l’entraînement, lui-même cycle dans notre vie… L’évolution en spirale, chaque tour offrant l’opportunité de grandir encore.

Connaître la pensée chinoise en 3 jours ? Impossible ! L’intellect abandonne les connaissances…Nous sommes fins prêts pour l’ouverture à l’infini, l’Etre dans sa dimension transcendante… Car si elle surgit chez une personne en cours de séance, il nous appartient de l’accueillir, aider à la reconnaître comme telle, dans sa bouleversante splendeur. Savoir accueillir le Mystère de la vie tel qu’il se présente à chacun dans son essence.

Il nous reste à reposer les pieds sur Terre et prendre à bras le corps cette compétence de sophrologue ainsi renouvelée. Oser la créativité sans craindre de déraper. Car les fondamentaux revisités prennent sens après ces huit stages.

 

Entretemps des lectures, et une question à creuser.

La première année pour choisir la question qui me plaît. La seconde pour tester l’affaire sur le terrain : expérience sur moi, en individuel ou dans des groupes. La troisième pour mettre noir sur blanc mes trouvailles.

Et vous savez quoi ? Chaque question est, au final, passionnante, et enrichit tout le monde.

 

Le cycle d’approfondissement ? Une aventure commune, je vous dis !