Catherine Belvaux, sophrologue et énergéticienne


Par Jean-Louis Craenhals

 

Article paru dans le TresSage 1 de janvier 2014.

 

Par un beau dimanche d'hiver, je pris le train jusqu'à Walcourt, lieu où j'avais vécu mon 5e module. Le but final de mon expédition était Boussu-lez-Walcourt où j'avais rendez-vous avec Catherine Belvaux. Après le repas, nous nous installâmes dans le séjour en profitant du soleil et de la beauté du paysage.

 

Comment es-tu arrivée à la sophrologie ?

Je suis arrivée à la sophrologie parce que j'en entendais parler depuis longtemps. Je venais de terminer mes études d'ergothérapie en 83, lorsque, travaillant à Bruxelles dans une clinique universitaire, une kiné m'a parlé d'une conférence sur la sophrologie. Elle y était allée et elle m'a rapporté le propos suivant : « Cela a l'air d'être bien, c'est quelque chose de nouveau qui s'installe chez nous et c'est une technique intéressante ».

Ensuite, quand je suis revenue du Maroc, j'ai été engagée comme ergothérapeute en psychiatrie à Charleroi. Nous traitons principalement des patients souffrant de dépression, d’addiction à l’alcool, aux médicaments et aux substances diverses... Plusieurs personnes m'interpellaient : « Vous devriez faire de la relaxation » ; « Il manque de la relaxation » ; « Vous avez une voix pour » ; ... La relaxation était le domaine de mon collègue kiné. A cette époque il n’y avait pas de séance de relaxation donnée régulièrement. Le but n’était pas de remplacer ce qui existait déjà, mais plutôt trouver une complémentarité ; c'est ainsi que l’idée de m’investir dans une formation en sophrologie a germé.

J'ai pris contact avec un professeur de l’école (IESCA) qui donnait quelques cours de sophrologie aux futurs kinés et ergos. Elle m' a conseillé de faire ma formation chez Brigitte Julien qui avait la réputation de donner une formation de qualité. Cet atout était non négligeable pour présenter mon projet au directeur de la clinique et d’obtenir son accord dans le cadre des formations continues.

En 95, j'étais diplômée en Sophro-dynagogie. Déjà, nous abordions la notion « énergie–force » de façon moins pertinente qu'aujourd'hui, mais elle était bien présente dans les résultats obtenus.

 

Et comment t'es-tu intéressée à l'énergétique ?

A cette époque je souffrais d’une douleur au genou sans que la médecine ne puisse définir exactement ce qui se passait.

Je passais mon dernier module à Royan et j'étais sous anti-inflammatoires. Pendant le trajet en train, une participante au congrès m’a parlé d'un kiné de Rixensart, Bruno Gérard, qui grâce à sa formation en énergétique avait résolu un problème semblable au mien.

J'y suis allé et en cinq séances énergétiques, mon problème était résolu.

Ainsi, je me suis rendu compte qu'une douleur n'était pas nécessairement due à un problème physique déjà installé, mais pouvait être une manifestation d’un déséquilibre énergétique d’un ou plusieurs méridiens reliés à un organe lui-même connecté à l’état émotionnel.

En 96, Bruno Gérard organisa une formation sur l’énergétique, avec Christian Peretti un kiné de Montpellier. Pendant quatre années, j'ai suivi plusieurs modules.

 

Qu'est-ce qui t'a le plus marquée au cours de cette formation ?

Cela n'était pas simple au départ, parce que, en raison de ma formation paramédicale, mes connaissances étaient un peu bousculées. Nous avions une autre conception des choses, une autre manière de raisonner. J’ai dû me mettre en disponibilité pour accueillir une nouvelle façon de voir les choses.

C'est une vision plus holistique. Je vais illustrer par un exemple: « si j'ai un problème au niveau des poumons, c'est peut-être mon intestin qui a un déséquilibre parce que nous avons le couple poumon-gros intestin ». L'émotionnel et le psychologique interviennent aussi. La médecine chinoise ne peut pas concevoir que le corps soit séparé de l'esprit. Le mental est en liaison avec le corps.

 

Comment utilises-tu tes connaissances énergétiques dans ta pratique sophrologique ?

En individuel, je vais l'utiliser au niveau de l'anamnèse.

En énergétique, il est important de toujours bien suivre un fil conducteur. Quand la personne va exposer le pourquoi de sa démarche vers la sophrologie, ce seront les symptômes exprimés qui vont nous donner ce fil conducteur.

Par exemple : « Je vais penser à un déséquilibre de l’énergie du foie si la personne dort mal et se réveille régulièrement entre 1h et 3h du matin, si elle est irritable, colérique, qu’elle souffre de crampes, de douleurs musculaires, de tendinite… ». Dans ma réflexion, je vais me dire : « Il y a un problème de l’énergie du foie aux événements, par rapport à ce qu'elle ressent et à l'émotion qui s'exprime à travers tout son corps, c'est surtout la colère qui est là, même si elle se manifeste par de la  tristesse ».

 

Et alors, concrètement, dans notre palette d'exercices, vas-tu choisir des exercices précis ?

Il y aura un fil conducteur dans la séance, mais pas nécessairement un exercice type pour tel ou tel déséquilibre. Si plusieurs personnes se retrouvent dans un même schéma de déséquilibre énergétique, ma séance ne sera pas identique pour autant. Ma séance sera proposée en fonction de mon ressenti, des possibilités de la personne, de ses affinités et de ce qu’elle manifeste ce jour là. Par exemple, si la personne n’est pas ancrée, enracinée, ce sera un exercice de ce type qui sera le mieux adapté pour elle aujourd’hui.

 

Est-ce que la grille énergétique va alimenter ton intuition ?

Oui, pour avoir un fil conducteur de ma séance, mais aussi dans mes exercices. Qu'il y ait un sens sans le formuler à la personne du style : je vais faire cet exercice parce que ceci, ou cela ...

Dans ma tête, il y aura un fil conducteur. Je me dis : « Je ferais bien cela pour l’aider à relâcher les tensions provoquées par la colère, par le sentiment d'injustice qui est là aussi ».

 

Et après, tu vérifies lors de l'échange ce que la personne à découvert comme traces, ressources, etc.

Souvent, j’entends cette réflexion, « C'est vraiment ce qu'il me fallait », « Cela m'a vraiment fait du bien », « Je me sens beaucoup mieux » ou « Je prends conscience de ... »

 

Peux-tu nous dire un mot sur la respiration ?

La respiration en énergétique est très importante, puisque, lorsque l'on naît, cette première inspiration, active le shen du poumon (PO) et c’est cette énergie plus subtile qui va mettre en route le circuit énergétique des 12 méridiens principaux. En fait, cela agit comme un interrupteur.

N'importe quel problème de stagnation énergétique, au niveau du corps, va souvent être dissout par des exercices respiratoires.

Ce souffle est une voie royale pour pouvoir rééquilibrer ou maintenir une circulation énergétique. Maintenant, si une pathologie est bien installée, nous devrons être beaucoup plus pointus dans l'énergétique et certainement passer la main à un spécialiste.

Cette respiration est omniprésente dans notre pratique. J'ai vraiment envie de dire qu'elle est présente tout le temps. Il y a bien sûr des exercices qui sont plus spécifiques comme la « respiration entre les mains », « poumon plein, poumon vide », « respiration en imaginant suivre le contour de la porte », « on inspire une couleur, etc.». Il y a différents exercices respiratoires bien ciblés sur celle-ci mais quand nous observons bien tous nos exercices, automatiquement, la respiration plus consciente, plus profonde y est impliquée.

Par exemple, lors de l’exercice d’Asymétrique Extension, nous inspirons profondément en étirant le côté opposé à la jambe d’appui et à notre convenance nous revenons à la position de départ sur l’expiration profonde. Nous ne respirerons pas comme dans notre quotidien.

Le poumon est vraiment le maître de l'énergie, il gouverne la respiration et le Qi. Il est ce qu'on appelle le ministre d'état et il a pour fonction de contrôler dit le « Nei Jing ». C'est lui qui règle le débit de l’énergie dans les méridiens.

 

Le poumon est relié à quelle saison ?

Le poumon est relié à l'automne, car, par analogie, la fonction inspiration/expiration est associée au passage du Yang vers le Yin, de la lumière vers l’obscurité (les jours en automne se raccourcissent), la peau va refléter l’état de l’énergie du poumon par son éclat (cf la peau d’un fumeur), elle est aussi à la frontière entre l’externe et l’interne. L’émonctoire, qui lui est associé, est le gros intestin (une respiration fluide et harmonieuse nous apaise et nous reconnecte à notre système parasympathique remettant en marche notre système péristaltique). La couleur blanche lui sera également associée car le soleil crépusculaire en automne en Chine est de couleur blanchâtre, etc.

 

La qualité du massage que je vais faire va aider le poumon ?

Oui, et pas que le poumon. Tous les exercices, sans qu'on ne le sache, vont venir redonner une harmonie dans la circulation énergétique de notre corps.

C'est pour cela que des personnes s’expriment en ces termes « Je me sens mieux », « Je me sens bien », « Depuis que je fais régulièrement le massage, les exercices, je sens que je digère mieux, je dors mieux », « Je n'ai plus mal dans le bas du dos ». Il y a tout un rééquilibrage qui se fait. Peu importe qu'on le sache ou pas, il y a quelque chose qui se passe. Il y a une ré harmonisation de l'ensemble des fonctions du corps que ce soit organique, énergétique ou psychologique.

A l'hôpital, je vois énormément de gens qui respirent mal, parce qu'ils sont en dépression, stressés, angoissés. C'est la respiration qui va tout de suite être en dysharmonie. A partir du moment où ils vont pouvoir reprendre une respiration plus ample, harmonieuse, ils vont se sentir beaucoup mieux parce que justement, cette respiration a cette fonction de libérer les blocages énergétiques dans l'ensemble du corps. Donc, physiquement et psychologiquement, les gens vont ressentir des effets positifs.

 

Est-ce que tu veux ajouter autre chose par rapport au couple sophrologie-médecine énergétique ?

Oui, la connaissance du concept énergétique est intéressante pour mieux aborder et comprendre le principe de vie.

 

Mais notre but dans notre pratique n’est pas de décoder tel ou tel déséquilibre énergétique et de chercher l’exercice type qui serait le plus approprié pour « GUERIR » comme nous le ferions en proposant un médicament ,mais plutôt d’amener la personne à prendre conscience de cette DYNAMIQUE DE VIE s’exprimant à la fin de la séance qui peut être le résultat d’une circulation énergétique ré harmonisée, lui donnant la possibilité d’explorer l’énergie ou les énergies ressources sur lesquelles elle va pouvoir s’appuyer pour parcourir son chemin de vie.