Quatre facettes d'une sophrologue namuroise


Par Jean-Louis Craenhals

 

Article paru dans le TresSage 3 de décembre 2014.

 

Rencontrer mes collègues sophrologues est toujours une aventure. J'aime écouter l'autre, me laisser interpeler par ce qui le met en mouvement, m'émerveiller de la façon dont il fait rayonner la vie qui l'anime, observer et m'imprégner de son cadre de vie.

Au printemps dernier, j'ai rencontré Stéphanie de Gourcy sur les hauteurs de Namur.

 

La puissance du symbole.

Pour Stéphanie, s'offrir chaque année les week-ends sur Jung animé par Eliane Laxague ne relève pas de l'addiction. « J'ai toujours été interpelée, émerveillée par le travail symbolique que j'ai commencé avec Davrou, depuis une vingtaine d'années. A partir d'un exercice simple ou d'une introspection ordinaire, tout à coup surgit un symbole, un lien. Une histoire se tisse. ». Elle y puise ses ressources intérieures, l'énergie pour aborder, accompagner l'autre. Comme kinésithérapeute, tout ce travail symbolique lui permet d'accorder la présence juste à ses patients dépressifs, cancéreux, en burn-out ou en fin de vie, mais aussi les mères se préparant à la naissance.

A la suite des stages de janvier et juin 2014 sur l'enfant intérieur, Stéphanie a retravaillé ses mémoires et a constaté que ses souvenirs d'enfance avaient une autre vivance. « Il y a quelque chose qui s'est soigné quelque part, quelque chose qui a changé. Une transformation s'est produite, une sorte de processus alchimique. Je trouve cela fabuleux. »

 

Une nouvelle naissance.

Nous avons chacun une histoire particulière quant à l'arrivée de la sophrologie dans notre vie. Pour Stéphanie, ce fut comme une évidence. « Je quittais le domicile d'un patient que j'accompagnais en fin de vie. Pour ses derniers moments, j'avais décidé de l'accompagner en tant qu'humain et plus comme kiné. C'était la veille de sa mort. En redescendant la citadelle de Namur, j'ai imploré le ciel de mettre sur mon chemin un outil qui m'aiderait à accompagner différemment mes patients, pouvoir dépasser mon rôle de kiné. » Suite à cet appel, elle rencontre Brigitte Julien au salon Valériane à Namur. Sur le stand, quelques infirmières de la maternité de Saint-Elisabeth étaient présentes pour s'inscrire à la formation. « Etant enceinte de mon second enfant et désirant accoucher sans péridurale, j'avais devant moi un outil. Je me suis inscrite le lendemain, c'était en 1992, et je n'ai jamais plus arrêté la sophrologie. »

 

Espace bien-être en cancérologie.

Une des réalisations dont elle est particulièrement fière, est l' "Espace bien-être" qui a été créé au sein du service d'oncologie à la clinique Saint-Elisabeth de Namur. L'équipe est constituée de deux massothérapeutes, de psychologues qui animent un groupe de parole pour l'oncologie générale ainsi qu'un autre plus spécifiquement dédié au cancer du sein offrant à six couples d'être écouté dans leur intimité, d'une esthéticienne et naturellement d'une sophrologue. « La prise en charge par le bien-être aide énormément le patient cancéreux. En participant aux différents ateliers, les patients supportent mieux leur traitement. Des liens se créent. Cela motive les gens à terminer leur traitement, leur donne envie de vivre pleinement. » Stéphanie participe à des colloques. Elle explique aussi les effets positifs de ces espaces aux infirmières se spécialisant en oncologie. Enfin, ce projet fait des petits puisque Bordet, Saint-Luc à Bruxelles et Mont-Godinne ont décidé d'ouvrir des espaces semblables.

 

La rose des vents.

Le tour ne serait pas complet sans s'arrêter à "La rose des vents", un lieu au milieu du village de Naninnes. Actuellement, les formations de Namur s'y donnent. Essayons de vous conter cette belle histoire. Pendant deux années, Stéphanie passait devant l'ancienne salle paroissiale où Radio cyclone avait installé ses modestes studios. Elle imaginait comment elle transformerait ce lieu, mais aussi comment elle le ferait vivre, le partagerait avec d'autres thérapeutes et praticiens de disciplines de bien-être. Lorsque le panneau « A vendre » est apparu, son rêve s'est ancré dans la réalité. Laissons-lui le mot de la fin quant au nom "La rose des vents" : « Je venais de m'acheter un très beau CD de musique douce pendant les travaux. Nous sommes au-dessus du village. L'endroit est très venteux. Je pensais à "Hurle vent", "Quatre vents", à quelque chose avec le mot "vent". Depuis le début de la journée, je réécoutais un morceau de ce disque que je trouvait très beau. A un feu rouge, je me suis dit que j’appellerai le lieu, du nom de ce morceau et s'est ainsi que "La rose des vents" est apparu. ».