Des prémices au Thalys, de nouveaux liens se tissent...


Par Anne-Claire Delval

 

Article paru dans le TresSage 7 de décembre 2016.

 

La présence d’Alain Zuili, annoncée pour ce Module 6 un peu particulier, s’est doublée d’une belle surprise : la visite de deux des trois membres dirigeants du CEAS - centre de formation en sophrologie- de Paris, Darci Martins et Frédérique Murry. Nous leur avons posé une simple question : « Qu’est-ce que vous retenez de votre venue à Bruxelles, de cette plongée au cœur de la Sophrologie Dynamique ? » Ils nous répondent par quelques mots choisis.

 

Un plaisir

Frédérique : Avant tout, j’aimerais dire le plaisir que nous avons eu à nous déplacer, à préparer ce voyage car il a fallu organiser ce déplacement.

Ce fut une approche assez longue, qui a pris un bout de temps avant d’être concrétisée et quand cela s’est organisé, il y a eu ce plaisir de partir en Belgique parce que c’était l’occasion de prendre le train et franchir la frontière, une aventure en soi. Arriver là-bas  dans ce lieu au nom plein de poésie, lieu de rencontre, voilà une belle mise en condition ! J’oublie en général le nom des lieux où je vais et où je dors mais pas avec le Chant d’Oiseaux ! Un lieu plein de quiétude, très paisible, très enveloppant, au point de se sentir coupé du monde, (NB : Darci s’est senti un peu frustré de ne pas avoir de télévision pour suivre l’Euro de foot !!!). Et, surprise, en arrivant dans ma chambre de trouver quelqu’un d’autre ! Ce qui était amusant, c’est que cette jeune femme venait de Troyes, ville avec laquelle j’ai des rapports très intimes.

Au fond, j’ai eu la sensation d’arriver en terre connue, de me sentir instantanément chez moi, de vivre cette rencontre comme une évidence. En France, bien des difficultés, des antagonismes, des façons de voir les choses très différentes entachent le monde sophro, mais là, avec les belges, c’était comme la découverte d’une amitié. On est tellement contents de les avoir rencontrés !

 

Des liens

F : Les liens entre le CEAS et l’AES sont étroits car le Dr Luc Audouin, directeur-fondateur et Yves Davrou ont bâti ensemble le CEAS. Même si leurs routes se sont ensuite séparées, l’affection demeure, indéniablement.

 

Une relecture de l’histoire sophrologique

Darci : Ce fut l’occasion de constater qu’Alain Zuili et Brigitte Julien sortent du « même moule » ! Par la suite, les chemins se sont éloignés puis se retrouvent de nouveau. J’avais la sensation de revenir aux origines de la sophrologie, après les histoires des uns et des autres, et une période durant laquelle la sophro se créait, avait besoin d’avancer. De partager des moments drôles, humains avec tous ces gens qui se rencontraient, se disaient les choses, comme si nous assistions à un retour aux sources après une période où la sophro a infusé, s’est déployée… 

Après une séparation longue, Alain (qui fait partie des plus anciens de la sophrologie) retrouve Brigitte et ils renouent avec leurs racines sophrologiques communes. Pour tout le public présent, y compris moi-même, il était intéressant de voir comment la sophrologie s’est développée. Les écoles se sont différenciées selon les terrains et les histoires, ont mis en avant certains aspects de la méthode mais ces retrouvailles permettaient de tracer l’histoire de la sophro, ses aspects pratiques comme humains.

 

Un autre regard

F : Je pense que cette rencontre a été manifestement comme un regard sur l’autre, un regard en loupe, qui permet à chacun de voir où il en est, de prendre son propre pouls. Connaissant très bien Luc Audouin, j’ai eu le sentiment et l’impression de plonger dans un passé et de me rendre compte de l’évolution du CEAS, à laquelle nous continuons de travailler tous les trois (NDRL : avec Géraldine Durand qui est la troisième directrice). La question des racines, c’est un peu comme l’arbre de la religion. Quand on prend celles de la religion chrétienne, elles sont juives mais à un moment, le tronc a grandi et au moins deux branches se sont formées. Le tronc demeure, parce que la religion juive perdure, mais ensuite, avec l’arrivée du Nouveau Testament, la religion chrétienne émerge. C’est un peu ça aussi en sophrologie. Clairement du point de vue sophrologique, nous ne travaillons pas du tout de la même façon que vous. Nous appartenons à deux branches spécifiques.

La méthode est complètement différente mais nous nous retrouvons sur le côté humain de la relation. La méthode, celle que le professeur Caycédo nous a transmise, au CEAS, nous continuons à l’exploiter complètement, en quelque sorte, nous continuons d’y « coller ». Chez vous, il y a d’autres pratiques, pas forcément une « évolution », plutôt ce que je définirais davantage comme la « transformation » d’une pratique originelle.

 

Des échanges

F : J’ai prévu d’aller travailler sur Jung avec l’AES. Je pense que nous pouvons nous nourrir les uns, les autres, nous avons à nous apporter mutuellement. Nous partageons une façon de communiquer qui est particulièrement attentive à l’autre.

Avant toute chose ça a été non pas une rencontre de sophrologues mais une rencontre d’êtres humains qui partagent un certain nombre de valeurs. Je me suis sentie plus proche de la Belgique que d’autres organismes en France, sur Paris notamment.

 

Des propositions

F : J’ai envie de poursuivre l’aventure avec vous et Eliane Laxague, par exemple, a aussi envie de venir au CEAS, de se nourrir.

D : Nous lui avons d’ores et déjà proposé mais elle n’était pas encore disponible pour venir assister aux modules que j’anime. Nous lui ferons d’autres propositions.

 

Des découvertes

D : On a vécu la façon dont nos amis Belges abordent de la sophrologie. Il y a des choses communes bien entendu, mais organisées autrement. On n’a pas pu passer toute une journée ensemble autour de la méthodologie donc c’était juste une évaluation, comme un raccourci de la manière de leur approche mais très intéressant même si c’était simplement des séances désignées et limitées. Pour ma part, j’ai eu l’impression que je n’étais pas totalement en-dehors de la méthodologie qu’ils appliquent mais nous n’avons pas eu l’occasion de voir l’ensemble, c’est normal. Quelques pratiques ne sont pas suffisantes pour avoir un aperçu précis.

F : J’ai eu les documents de formation entre les mains, j’y ai vu des choses justes mais qui ne sont pas de la sophrologie pour nous, au sens où nous la pratiquons, c’est du Davrou, celui qui a inventé la « dynagogie » (NDLR : terme découvert par Darci lors de sa venue).

J’aimerais pour autant, vraiment, qu’il y ait un rapprochement qui se fasse.

 

Des questions (en suspens)

D : J’ai trouvé originale la façon dont sont tirées au sort les pratiques.

Je n’ai pas compris le pourquoi de certaines choses puisque je ne savais pas à quoi cela se référait, mais j’ai constaté une certaine similitude entre toutes les séances. Même si il y avait 4 ou 5 pratiques différentes, j’y ai vu peu de variantes, elles étaient très similaires entre elles.

F : Plein de choses ont été épurées et cela ne ressemble plus à ce que nous proposons, nous.

D : Oui, la sophrologie est organisée différemment de ce que faisons au CEAS.

 

Une envie de poursuivre les débats

F : Nous avons envie de proposer à l’équipe de se rencontrer à nouveau, de prolonger la discussion, de venir aux Universités d’été qui auront lieu à côté de Lens en Juillet prochain. C’est très festif.

Nous sommes comme une interface, une passerelle, entre les Caycédiens et l’AES qui a toute sa place auprès de nous car à la FEPS, nous formons un tout et avons la chance d’avoir différents axes de travail qui permettent de vivre des expériences très enrichissantes.

 

Des discussions (ouvertes, à poursuivre)

D : Davrou a créé une terminologie nouvelle, une autre sémantique, ce qui prouve une capacité de création et qui enrichit la sophrologie. Il aurait été ennuyeux de rester toujours sur un même et unique modèle, tandis que là, on a un regard différent et si on suit la démarche sophrologique, à travers la phénoménologie, cela nous emmène toujours à changer d’angle de vue. Il n’y a pas une seule façon de vivre la sophrologie. Davrou n’a pas lancé un mouvement qui s’est élargi mais a eu la bonne idée de créer un regard nouveau et ça, ça compte. Et puis c’est peut-être à développer ? Il y a peut-être des choses à mener encore plus loin encore…

F : Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cela parce que pour qu’un mouvement se divulgue, progresse, avance, il faut une masse. Or en étant à ce point isolé comme l’a été Davrou, cela finit par devenir marginal. Je crois beaucoup au réseau qui va faire qu’une tradition, une méthode, s’enrichit, se développe. Attention à ne pas l’appauvrir : dès lors que chacun fait les choses « à sa sauce », la méthode court le risque d’être diluée, appauvrie et de ne plus être une méthode en elle-même. Si on veut tirer vers le haut, la synergie est importante. Nos amis belges pourraient se nourrir de notre travail et nous, aller vers eux parce que nous sentons qu’il y a des affinités, des choses communes mais il faut remettre nos perspectives à plat : quoiqu’on en dise et on en pense, la sophrologie est associée à Caycédo.