La sophrologie au Centre du Traitement de la Douleur


Par Pascaline François

 

Article paru dans le TresSage 3 de décembre 2014.

 

 

Au terme de « maladie », la sophrologie préfère celui de « dysharmonie ».

La sophrologie considère l’être humain comme un tout indivisible, corps et esprit liés. C’est en cela qu’elle a toute sa place dans un Centre du Traitement de la Douleur.

 

Qu’est-ce que la douleur ?

« C'est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associé à une lésion tissulaire ou potentielle ou décrite en de tels termes ».

L’expérience signifie qu’elle est individuelle ce qui la rend subjective et difficile à communiquer ; elle est sensorielle, c’est-à-dire décrite par des caractéristiques souvent très précisés ; elle est émotionnelle, elle s’exprime en terme de « désagréable, de pénible, d’angoissant, d’insupportable, de déprimant ... », elle génère de la colère, de l’incompréhension …

 

Deux types de douleurs

  • la douleur aiguë : utile, elle provoque des attitudes  protectrices (ex. retirer sa main du feu).
  • la douleur chronique : inutile, elle Est persiste et est rebelle aux traitements usuels au-delà de 3 à 6 mois. Elle a un impact sur la totalité de l’être avec des répercussions sur le sommeil, l’activité professionnelle, l’activité du quotidien, l’activité physique et la qualité de vie. Elle conduit fréquemment à l’isolement.

La douleur rend « le corps et l’âme malade ».

Les personnes arrivant au Centre du traitement de la Douleur ont, pour la plupart, déjà consulté de nombreux médecins et thérapeutes divers, reçu de multiples traitements et ce, sans satisfaction. Elles se sentent perdues, souvent incomprises, désabusées. Elles ont perdu toute confiance en elles, toute estime d’elles-mêmes. Elles se sont isolées, voire ont perdu leur identité (je suis fibromyalgique, je suis lombalgique, je suis migraineux (se),…).

Pour qu' un traitement puisse être efficace, la douleur doit être considérée comme multidimensionnelle. Il faut tenir compte des facteurs environnementaux, familiaux, culturels, professionnels ainsi que des expériences antérieures de la personne. Pour l'optimaliser, il est, par ailleurs important, que le patient participe, soit acteur de sa prise en charge.

Nous traitons des êtres qui souffrent, pas uniquement la douleur.

 

La place de la sophrologie

La sophrologie est proposée comme traitement non-médicamenteux pour son action sur les contrôles inhibiteurs descendants. Elle est proposée par le médecin algologue, par la psychiatre et la psychologue clinicienne douleur ou par moi-même.

 

Témoignage

Cette personne a suivi les séances de sophrologie au Centre du Traitement de la douleur pendant 2 ans. Ce témoignage permet de mesurer l’impact de la sophrologie sur les douleurs, mais aussi sur celui qui souffre :

« J’ai mal à l’intérieur de mon corps et à l’extérieur. La douleur gère mes nuits et mes jours. Je suis enfermée dans une cuirasse sans contact extérieur. Personne ne comprend, ma tête est vide, je ne sais plus penser. Je subis ma vie, je suis fatiguée de tout, irritée par tout. J’ai envie qu’on me laisse tranquille, qu’on m’oublie. […]

La 1ère étape a été de me réconcilier avec mon corps, d’admettre la douleur et que, malgré cela, je peux encore faire des choses. La confiance en moi est revenue. J’étais de nouveau capable de prendre soin de mon corps et de plus en plus à l’écoute de ses besoins (enfin).

Ensuite j’ai pris conscience de l’énergie qui est à l’intérieure de moi, du potentiel  immense que je ne soupçonnais même pas. Ainsi que de la douceur dont j’avais besoin. L’énergie était là ! J’ai appris à la faire bouger en douceur dans mon corps.1 an après la première séance de sophrologie, je suis allée en vacance à la montagne. Je revois les promenades. Ouf, cela n’a pas été facile, mais auparavant je n’aurais même pas essayé de les faire. De cela a découlé le sentiment de fierté. C’est fou ce que je peux faire.

J’accepte mon corps comme il est, avec tout ce qu’il a subit. Il est fantastique.

En même temps, est venu le sentiment de « lâcher prise ». Beaucoup plus à la recherche de mon bien-être, de ce qui me fait plaisir à moi. La personne la plus importante, c’est moi. Je ne peux faire plaisir autour de moi que si je suis bien. Un jour, l’idée m’est venue que c’était bien ce qui m’était arrivée, que ce que je faisais avant n’étais pas bon pour moi, pas juste.

Mon futur : avant, je n’en n’avais pas, je n’avais même pas de lendemain. Maintenant, j’essaie d’avoir une idée qui tienne la route pour le printemps prochain. Chouette non ? »