Comment la Sophrologie est devenue Dynamique? Traces historiques


Par Jean-Louis Craenhals

 

Article paru dans le TresSage 1 de janvier 2014.

 

« Comment la Sophrologie est devenue dynamique? ».

A l'heure où nous célébrons les trente ans de la formation en Belgique, il est légitime de nous pencher sur notre histoire, nos racines, de regarder ce qui nous différencie des autres courants sophrologiques. Nous avons profité de cet événement pour aller interviewer Brigitte Julien, témoin privilégié de toute cette évolution.

 

Dynamique et dynamique.

Certains diront que la sophrologie a toujours été dynamique puisque Alfonso Caycedo, à l'issue de son périple de deux années en Inde et au Japon, nous a ramené ses trois premiers modules de la Relaxation Dynamique Caycedienne (RDC). Néanmoins, écoutons ce que nous dit Brigitte à propos de cette notion de dynamique: « Ce terme «dynamique», nous semble évident au départ dans la pratique du premier module car nous bougeons le corps. Au deuxième module, nous le bougeons encore un peu mais beaucoup moins. D'ailleurs, à l'époque, ce module n'était constitué que de la prise de conscience de soi dans l'espace appelée maintenant double concentration. Quant au troisième module, en posture, nous ne bougeons plus le corps. Nous en avons déduit que ce n'était pas une dynamique de mouvement mais de conscience qui se fait de façon de plus en plus fine, d'abord au travers du corps, ensuite de l'espace pour arriver à l'intuition. ».

Le mot «dynamique» de la Sophrologie Dynamique® ne doit pas être pris dans le sens caycédien du terme. Pour le comprendre, faisons d'abord un détour par la position.

 

De la position couchée à l'assise.

Une des premières évolutions vers plus de dynamisme a certainement déjà été impulsée par la pratique assise préférée à la position couchée. Retranscrivons les propos de Brigitte: «Au début des années quatre-vingts, je travaillais dans le cercle des loisirs du Marché Commun et j'avais droit à la salle de Yoga, une salle uniquement équipée avec du tapis. Je travaillais avec les fonctionnaires après leur journée de travail. C'était des séances d'initiation où, comme je l'avais appris, j'ai utilisé la position couchée. A cette heure-là, les personnes sont fatiguées et il y a eu ceux qui dormaient et qui ronflaient, et ceux qui riaient parce que les autres ronflaient. Au bout de quelques séances peu productives, j'ai mis tout le monde assis contre le mur et j'ai constaté que la progression était plus rapide.».

 

Octobre 87 : IIe congrès Européen de Sophrologie au Palais des Congrès à Bruxelles.

Yves Davrou avait invité à ce congrès Jean-Claude Chignague, un kinésithérapeute formé à l'énergétique chinoise, avec qui il travaillait depuis quelques temps sur l'introduction de l'énergétique en sophrologie. Lisons cet extrait de sa communication : « En Sophrologie, il sera bon, pour entretenir cet équilibre énergétique, de respecter cette notion importante, lors de nos entraînements, de rechercher le relâchement dans la tension, la relaxation sans avachissement et la tension sans raideur, sachant que la contraction renforce l'énergie Yang et la détente l'énergie Yin. ».

La porte de l'énergie chinoise est ouverte. En boutade, Davrou disait que Caycedo aurait dû faire un détour par la Chine avant d'aller au Japon.

Dans un premier temps, notre sophrologie porta le nom de « sophrologie-dynagogie » (ou « sophrodynagogie ») et par la suite, le mot « dynagogie » fut remplacé par celui de « dynamique » pour évoquer cette énergie.

 

Qu'est-ce qui a changé ?

A nouveau, laissons répondre Brigitte à cette question à partir de son observation dans sa pratique : «Le passage du coucher à l'assis nous a posé un certain nombre de problèmes. Le plus important fut abordé lors d'une de nos après-midis « rencontres ». Les personnes avaient des problèmes de tension artérielle parce que certains arrivaient tellement tendus à la séance de sophrologie qu'en leur proposant de se détendre, ils avaient une légère chute de tension perceptible en position assise. Concernant les hyperactifs, se détendre uniquement par le mental était énervant. Et enfin, pour les enfants, la détente simple était difficile car trop abstraite. L'avènement de l'introspection dynamique a permis d'éviter les chutes de tension pour les uns, l'ennui pour les autres, et, vu que, par ce massage, nous touchons des circuits d'énergie « équilibrateurs » nous rendons le corps plus présent et plus équilibré. Cela a été un gros bonus et nous a fait gagner énormément de séances. ».

 

Voici une bribe de cette grande histoire de la Sophrologie Dynamique®.