Le burn out ou la roue de la fortune...


Article paru dans le TresSage 9 de décembre 2017.

 

Ressource pour les personnes diagnostiquées en pré-burn out voire burn out, reçues dans nos cabinets, nous constatons que le sophrologue a parfois fort à faire avec l’être humain, voire le patient qu’il lui arrive d’être lui-même !

La carte 10 du tarot, la roue de la fortune, nous dit : “La roue de la fortune exprime la quête de soi-même. Cette roue de la vie peut apporter la bonne ou la mauvaise fortune selon la relation que l’on entretient avec le centre de son être. Lorsque la personne pense et agit en accord avec elle-même, les événements de l’existence lui seront favorables. A l’inverse, une bonne fortune exprime un recentrage sur le cœur de sa personne, conscient ou non.” (Tarot et psychologie des profondeurs. Simone Berno Editions Dangles 1995)

Voici ici quelques pistes de réflexion et travail personnel issus de la pratique de Fabienne Denayer et Eliane Laxague.

 

Sortir du déni

Souvent les personnes fragilisées nous sont adressées par leur médecin généraliste, voire par d’autres thérapeutes qu’elles consultent suite à un mal être dont les manifestations peuvent être diverses.

L’anamnèse va tourner autour de la description de leurs traitements passés et présents, de l’aggravation d’un ou de plusieurs symptômes suite à des événements de vie décrits comme totalement indépendants de leur volonté, subis sans choix ni possibilité d’alternative. L’individu se sent coincé, mais a de bonnes raisons et explications tout à fait logiques à cet état de fait. Le maître mot est “fatigue”, parfois épuisement dû à toute une série de causes qui s’enchaînent, s’emboîtent les unes dans les autres.

Sophrologie, relaxation… méditation pleine conscience, yoga… même combat !

Il s’agit de laisser moins de prise au stress et de continuer à travailler, à tenir le rythme sans faiblir. La voie du bonheur semble passer par là !

Les premières séances permettent souvent un espoir, une réelle embellie. Se donner le temps de respirer, la possibilité de ralentir un peu, de se sentir vivant et plein de ressources insoupçonnées donne un nouveau souffle. Les exercices font du bien, les capacités de détente sont boostées mais les journées changent peu. Plutôt que des prises médicamenteuses, ou en complément de celles-ci, la technique vient soutenir “le bon petit soldat” qui continue vaillamment d’honorer ses divers “il faut, je dois, je n’ai pas le choix…”

L’ego aux commandes, l’être bien loin de lui-même ! Jusqu’au jour où, sans crier gare, le château de cartes s’effondre. Explosion, implosion… au choix !

Cette fois, impossible de se relever. Le congé de quelques jours ne suffit plus. D’arrêt de travail en arrêt de travail le constat s’impose : impossible de reprendre. Les personnes ont du mal à se reposer, l’épuisement se manifeste ; cruel, impitoyable.

La présence du sophrologue accompagne le processus de sortie du déni.

 

Le déni est un mécanisme de défense suite à un traumatisme ou un choc émotionnel. La personne se protège parce que la situation vécue est trop douloureuse, insupportable. Elle transforme inconsciemment la réalité pour la rendre moins cruelle. Quand le moment est venu, la personne est prête à sortir du déni. Elle peut ouvrir la porte, regarder de l’autre côté. La souffrance est moins forte, moins envahissante.

 

Apprendre à se détendre et à lever la garde

Ces personnes qui ont passé quelques décennies à être parfaitement convenables, brillantes même dans un maximum de circonstances se retrouvent dans l’incapacité totale de reprendre leur place et commencent à s’en rendre compte. Accepter de s’occuper de soi, se centrer, lâcher prise…

 

Vivre la déconfiture

Accompagner la personne en burn out à ce stade peut ne pas être aisé non plus. Les séances sont entrecoupées de crises de larmes, de temps de parole ou de silences qui semblent s’éterniser.

Doutes, culpabilités, angoisses sont de sortie. Fragilité et vulnérabilité si bien enfermées jusque là se dévoilent au grand jour. Comment accueillir l’autre, lui permettre de se connecter à ses propres besoins dans ces conditions ?

Qui ne s’est pas entendu proposer alors des examens complémentaires, des prises en charge différentes ? Minimiser les arguments logiques proposés par la personne venue chercher secours. La secouer, la booster, lui donner les bons exercices comme le médecin délivre une ordonnance ? La culpabiliser, elle qui a bien avoué ne pas ou peu s’entraîner toute seule. Toutes ces solutions bien connues nous évitent de rencontrer nos propres angoisses et manques, laissent un arrière-goût d’insatisfaction.

 

Rencontrer son angoisse et récupérer de la vitalité

Pratiquer la Sophrologie Dynamique® (SD) au quotidien, s’entraîner aux exercices de base permet de reconnecter l’intelligence sensorielle. Retrouver le chemin du corps vécu, et non plus du corps objet au service de nos “il faut, je dois…”. Les exercices, dont les possibilités de variantes sont infinies stimulent notre énergie de vie. Nous percevons les modifications sensorielles et la façon de réagir à nos stimulations de ce corps que nous avions oublié, comme un vieux vêtement au fond du placard. Dépoussiéré, remis en forme, il reprend vie. Nous prenons conscience que nous pouvons lui faire confiance, il fonctionne au mieux de ses capacités, nous contraignant à explorer l’énergie de la récupération, du repos, de la lenteur…

Le sophrologue sait écouter, aider à décrire, mettre en mots, donner de la valeur à de si simples sensations auxquelles nous osons à peine octroyer une attention. Que le patient soit intérieur ou extérieur, il s’agit de partir de ce qui est et non de ce que nous voudrions bien vivre.

Angoisses, peurs, paniques… comment se vivent-elles ? Apprendre à laisser circuler l’énergie qu’elles véhiculent plutôt que vouloir les faire taire devient possible.

Nous ne sommes plus une personne angoissée mais un être qui vit une angoisse à sa façon et devient capable de l’observer ; la laisser venir et repartir. Notre angoisse nous informe : là, précisément, il y a quelque chose à capter ; non à anesthésier. L’être se manifeste. Il crie. Il a besoin que nous l’écoutions. Plus nous faisons la sourde oreille, plus il crie fort, cherche à se faire entendre à tout prix.

Pas étonnant que nous soyons fatigués, à nous opposer ainsi au plus profond qui demande à être pris en compte.

Colères, tristesses se présentent et jouent leurs rôles respectifs. Nous faisons connaissance grâce aux exercices spécifique de l'intelligence émotionnelle.

A notre grande surprise, dans tout ce chaos la joie de vivre sait se faufiler.

Et si ce burn out n’était pas finalement, tel un orage fracassant, une opportunité ? La seule, l’unique ; celle qui permet de reconnaître sa place à l’être.

 

Renaître de ses cendres, tel le Phoenix

Peu à peu l’énergie remonte ; l’envie de se lancer dans de nouveaux projets de vie est là. Les rêves d’animaux fougueux dont il s’agit de canaliser et d'utiliser l’énergie en témoignent.

Le sensibilité reste vive. Au moindre écart, l’être profond se manifeste. Il ne supporte que peu de compromis…

L’accompagnement alors change de registre, faisant place aux ressources des intelligences intuitive et transcendante. Dans cette période de bouleversements intenses, les synchronicités sont légions. Responsables, autonomes, nous renouons avec notre authenticité.

Alors que nous étions à terre, nous envisageons un nouvel envol, le phoenix, magnifique renaît et fait chanter ses couleurs.

 

Oser les interactions avec le monde extérieur

Il est temps de sortir, d'oser cet être nouveau. Ce qui nous a été donné, nous le remettons en jeu et l’univers nous répond.

Profondément rectifié, aligné, tout comme l’univers nous vivons notre expansion.

Le monde extérieur nous attend. Nous avons compris qu’il vit en nous ! Nourris à nouveau, nous pouvons le nourrir.