L'intelligence émotionnelle au service de la Vie, au service des Relations


Par Françoise Seemann

 

Article paru dans le TresSage 5 de décembre 2015.

 

Que ce soit dans mon cabinet avec mes clients adultes ou enfants, ou dans mes interventions en entreprise, mais aussi dans le milieu de la sophrologie, j’entends, encore aujourd’hui, parler d’émotions positives et d’émotions négatives, de bonnes et de mauvaises émotions, utiles ou inutiles.

 

Comment je me sens quand j’entends cette manière de parler des émotions ? A la fois triste que nous en soyons encore là et aussi fort agacée. Par conséquent, l’énergie bienfaisante de ma colère me pousse à rédiger cet article pour tenter de clarifier les choses et, peut-être, de sortir de cette confusion regrettable et néfaste.Nos émotions, toutes nos émotions sont utiles et vitales. Que seraient nos vies sans ces « GPS venus d’un autre temps », sans ces informations indispensables ?

 

Rafraichissons-nous la mémoire : Qu’est-ce que l’émotion ?

Il s’agit d’une manifestation physique liée à la perception d’un évènement dans notre environnement externe ou dans notre espace mental interne. L’émotion passe par le corps, elle est une information sur soi, un véritable cadeau que la nature nous fait dès notre naissance mais dont nous n’avons pas tous eu le mode d’emploi et dont nous ne savons pas toujours quoi faire.

Une émotion authentique est une réaction autrement dit une réponse émotionnelle spontanée à un évènement précis qui vient de se produire. Exemples :

  • Je trébuche dans l’escalier, j’ai peur juste quelques secondes.
  • Mon fils, à qui j’avais demandé de rentrer au plus tard à minuit, n’est pas rentré à 3 h du matin : il est légitime que je sois inquiète et en colère.
  • Ma fille décroche un job, qui la passionne, en Chine. Je suis à la fois réjouie de cette opportunité pour sa carrière et en même temps attristée car nous nous verrons moins souvent.
  • Je viens de décrocher mon titre de sophrologue praticien et j’éprouve de la joie, du plaisir, de la satisfaction, peut-être même de la fierté.

Ces réactions sont normales et appropriées aux situations vécues. Or, l’ignorance, notre éducation, la pression sociale font que nous n’exprimons pas toujours nos émotions et que parfois même nous ne nous autorisons pas ces ressentis émotionnels. Or, la recherche scientifique montre que les émotions contenues, non gérées ont des impacts sur la santé physique et psychique.

 

Mais qu’est-ce donc que l’intelligence émotionnelle ?

Et si nous croisions deux approches complémentaires ?

 

1.En Sophrologie Dynamique®

Tout d’abord, je vous invite à relire le chapitre 5 du livre « l’essentiel de la Sophrologie Dynamique® », intitulé « explorer l’intelligence émotionnelle ». Il est écrit « Exercer notre intelligence émotionnelle aide à mieux nous débrouiller avec nos émotions, à construire un meilleur sentiment de soi et donne des atouts pour s’engager dans l’avenir ». Un peu plus loin dans le même chapitre « En Sophrologie Dynamique®, le projet est de redonner aux émotions leur vrai potentiel, se les approprier, se réconcilier avec et s’en faire des alliées ».

Un bien chouette programme… Puisqu’il s’agit de se réconcilier avec et de s’en faire des alliées, ne les considérons donc plus jamais comme négatives ou mauvaises !

 

2. Les recherches de John Mayer et Peter Salovey

Intéressons-nous aux travaux de John Mayer et Peter Salovey, deux universitaires américains spécialistes en psychologie. Ils ont été les premiers à utiliser l'expression " Intelligence Emotionnelle " et à la conceptualiser. Leur dernière définition, donnée en 1997 est : « capacité à percevoir l'émotion, à intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre les émotions et à les maîtriser afin de favoriser l'épanouissement personnel ».

Pour eux, l’intelligence émotionnelle se mesure par le quotient émotionnel (QE) et se compose de 4 volets :

  • 1er volet : La perception et l'évaluation, verbales et non verbales des émotions = habileté à être conscient de ses émotions et à les exprimer correctement aux autres.
  • 2e volet : La capacité d'intégration et d'assimilation des émotions pour faciliter et améliorer les processus cognitifs et perceptuels. Elle renvoie à l'habileté à faire la distinction entre différentes émotions ressenties et à reconnaître celles qui influent sur le processus de pensée.
  • 3e volet : La connaissance du domaine des émotions (au sens du « savoir »), compréhension de leurs mécanismes, de leurs causes et de leurs conséquences. Il s'agit de l'habileté à comprendre des émotions complexes (comme le fait d'éprouver deux émotions à la fois) et celle de reconnaître les transitions d'une émotion à une autre.
  • 4e volet : La gestion de ses propres émotions et celles des autres. Elle correspond à l'habileté à vivre ou à abandonner une émotion selon son utilité dans une situation donnée.

Ces catégories sont classées de la plus simple (1) à la plus difficile à maîtriser (4).

 

Quand je lis « l'habileté à être conscient de ses émotions et à les exprimer correctement aux autres », bien évidemment cela me ramène à notre Sophrologie Dynamique® et à la contribution de la Communication NonViolente (CNV) à notre outil.

 

L’entrainement sophrologique nous permet d’accueillir nos émotions, toutes nos émotions, de les ajuster si nécessaire, d’utiliser au service de la vie, au service des relations l’énergie qui s’y trouve et de transformer cette énergie ajustée en sentiment d’être.

La pratique régulière de la CNV nous donne un vocabulaire de plus en plus riche et de  plus en plus précis pour décrire, nommer nos émotions et les exprimer correctement aux autres en terme de… Je me sens…

Car « Exprimer ses émotions, c’est comme d’enlever les nuages noirs devant le soleil pour laisser pousser les fleurs » Tanya Sénécal

 

L'émotion et ses effets.

Trop souvent, nous confondons l’émotion par elle-même et les effets de l’émotion qui eux peuvent être, en l’absence de moyens d’ajustement, parfois dévastateurs.

Un jeune client âgé de 9 ans me demandait récemment : « Est-ce qu’il y a une différence entre la colère et la violence ? Peux-tu m’expliquer ? » Oui bien sûr, il ne s’agit pas de la même chose. La colère est une émotion qui se manifeste lorsque nous rencontrons un obstacle, lorsque nous sommes confrontés à quelque chose d’inacceptable pour nous. Elle nous permet de préserver notre intégrité physique et/ou psychique, de poser des limites, de manifester notre désaccord. La violence est l’utilisation de la force physique ou psychologique pour contraindre et dominer. Contenir notre colère, ne pas gérer son intensité, ne pas la verbaliser peut à terme nous amener à la violence.

« Quand les enfants à l’école se moquent de toi et te bousculent, tu as le droit d’être en colère mais pas le droit de leur répondre par un coup de poing. On va apprendre ensemble comment on peut faire pour désactiver le trop de colère et comment on peut le dire avec des mots. » et nous voilà partis tous les deux dans une séance sophro et CNV.

 

L'intelligence émotionnelle développe des qualités, des capacités qui nous permettent de nous sentir de mieux en mieux à la fois sur le plan de :

  • Notre santé physique et psychique
  • Notre relation à nous-même : acceptation de soi, estime de soi
  • Nos relations avec les autres dans nos vies personnelles, amicales, amoureuses, professionnelles, associatives

Un petit clin d’œil amusé pour terminer.

Quelle bonne surprise de découvrir dans l'ouvrage « La boite à outils de l’intelligence émotionnelle » des outils comme :

  • Faire travailler nos 5 sens pour retrouver l’harmonie.
  • La respiration pour retrouver détente et dynamisme.
  • Les automassages pour relâcher tensions musculaires et retrouver de l’énergie.
  • Pour diminuer la pression : le polichinelle, oui/non/chauffage corporel (mouvements d’épaules)

Ne serait-ce pas, sans la nommer, de la sophrologie ?

 

« Sans émotions, il est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l’apathie en mouvement » Carl Gustav Jung