Une administratrice extrêmement discrète


Par Jean-Louis Craenhals

 

Article paru dans le TresSage 4 de juin 2015.

 

Peu de membres savent que Louise-Marie Gourmet participe au conseil d'administration (CA) de l'AES depuis sa création en juin 2002. Et même qu'elle a tenu les cordons de la bourse jusqu'au CA du 13 juin 2015.

Aujourd'hui, nous orientons notre projecteur sur Louise-Marie.

Certes, vous nous direz que les financiers sont coutumiers de la discrétion.

 

Un lieu de stage dont l'histoire est passionnante.

En avril 1975, Louise-Marie arrive dans le service de psychiatrie de l'hôpital Universitaire Brugmann à Bruxelles pour réaliser son dernier stage de son cursus en kinésithérapie.

Avant de poursuivre, parcourons rapidement l'histoire de cet édifice. Cet hôpital, construit sur un mode horizontal à la place du style vertical de tous les autres établissements de la région bruxelloise, suit les idées révolutionnaires suivantes : la structure pavillonnaire confine les risques de contamination et les jardins humanisent le lieu. Victor Horta en est l'architecte et Georges Brugmann, financier philanthrope, lègue 5 millions de francs à son décès en 1900, somme qui sera utilisée pour la construction de l'établissement.

 

Une kinésithérapie ouverte au monde de la psychiatrie.

Donc, Louise-Marie rejoint les pavillons de psychiatrie situés sur le point culminant de cet ensemble hospitalier. Dans ce service de psychiatrie, la kinésithérapie occupe une place particulière. En 1959, un psychiatre français, Paul Sivadon (1907-1992), prend sa direction et pendant sept années applique ses thématiques de recherche en psychiatrie, à savoir créer des interrelations entre l'homme malade et son milieu, ces relations touchant à la fois, l'espace, la pratique clinique, mais aussi l'architecture de l'hôpital psychiatrique ouvert. Avant d'arriver à Bruxelles, Sivadon a eu l’opportunité d'appliquer ses théories à l'hôpital « La Verrière » près de Paris.

Concrètement, cela se déclinait de la façon suivante : des activités physiques comme de la gymnastique, de la relaxation, des bains ... étaient proposées aux patients. Application du principe : lorsque l'esprit est malade, il est aussi important de prendre soin du corps. Par conséquent, depuis les années soixante, la kinésithérapie a toute sa place dans cette approche thérapeutique.

Pendant son stage, Louise-Marie est mise en contact avec les techniques de relaxation comme celles de Schultz, Jacobson et d'eutonie. Elle apprécie fortement son stage et garde le contact avec la chef des kinés.

Ensuite, une fois son diplôme en poche, elle commence sa carrière de kiné indépendante en réalisant beaucoup de traitements à domicile.

 

Des rencontres pleines de sens.

En 1978, Louise-Marie trouve en libraire le livre « La sophrologie » de Boon, Davrou et Maquet qui vient d'être publié. Elle s'empresse de l'acheter en souvenir de son stage durant lequel sa chef, qui s'était formée auprès du suisse Raymond Abrezol, lui avait donné quelques séances de sophrologie.

Suite à la lecture de ce livre, Louise-Marie s'inscrit à un séminaire de deux jours à Waterloo donné par Boon et Davrou. Ces deux jours lui font beaucoup de bien corporellement et elle en sort avec la sensation d'y avoir vécu des expériences étranges, comme par exemple la sensation d'avoir des oreilles d'éléphant lors d'un exercice.

Elle constate à partir de son vécu que cette technique peut être un atout en kinésithérapie. Comme kiné, elle se rend compte que beaucoup de patients ne sentent pas leurs corps et par conséquent, ils ont des fractures, des luxations ... et aussi des troubles du schéma corporel.

Au printemps 79, après avoir passé une semaine de séminaire chez Caycedo à Sant Feliu de Guixols (sur la côte au nord de Barcelone), Louise-Marie rencontre par hasard son ancienne chef de Brugmann. Elle évoque son voyage en Espagne et de fil en aiguille, sa chef lui propose de remplacer sa collègue partie en congé de maternité.

Louise-Marie passe 35 années dans ce service de l'hôpital. Elle s'occupe de tous les traitements kinés des six pavillons de psychiatrie. A l'époque, elle prodigue aussi quelques séances de sophrologie qui portent encore le nom de « relaxation sophrologique ».

 

La sophrologie une évidence.

Quand nous apprenons que Sivadon a rencontré Caycedo, que par après, Caycedo est venu faire un séminaire dans les années soixante dans le service de Sivadon, que Boon a effectué sa spécialisation en psychiatre dans ce même service et que la chef kiné de Louise-Marie se forme à la sophrologie. Avec un terrain si favorable, son chemin sophrologique était tout tracé.

Elle commence sa formation en janvier 79 dans le groupe du mercredi matin donné par Davrou au Boulevard Lambermont à Schaerbeek. Ensuite, elle poursuit son parcours sophrologique en allant à Barcelone, Saint-Thomas de Conac, Andorre et bien sûr rue Bréart.

Naturellement, sa transmission de l'outil s'est d'abord faite en individuel avec les patients, puis progressivement, elle a formé des groupes qui ont trouvé écho auprès des infirmières du service, des étudiants médecins en psychiatrie et même des secrétaires de l'hôpital. Sa pratique s'est naturellement adaptée aux diverses pathologies psychiatriques, mais aussi à d'autres pathologies ciblées comme la gestion du poids, la tabacologie ... Lorsque la clinique du stress s'est ouverte, la sophrologie a naturellement trouvé sa place. Louise-Marie a aussi participé aux semaines thématiques de l'hôpital du jour.

En écoutant le parcours professionnel de Louise-Marie, nous vivons toute une partie de l'histoire de la sophrologie en lien avec les soins psychiatriques.

 

Un partage de sa pratique.

Que ce soit en France ou à Walcourt, elle a partagé de nombreuses fois cette expérience au cours supérieur. Plusieurs fois, elle a abordé le sujet de l'harmonie et de la conscience corporelle en psychiatrie. Mais elle a aussi traité des thèmes comme : Sophrologie et gestion du poids, Contribution de la sophrologie dans la gestion du stress, Participation comme sophrologue aux semaines thématiques en tabacologie ...

 

Une relève bien assurée.

Actuellement, deux Catherine assurent la poursuite des activités professionnelles de Louise-Marie et ce depuis sa retraite bien méritée. L'une travaille comme kiné en psychiatrie, l'autre intervient dans la clinique de la gestion du stress. Elles ont toutes deux été formées par l'AES.

 

Du trésor à la sagesse.

Maintenant, qu'elle a rangé son tablier de trésorière, elle prodigue ses conseils de sagesse au sein de notre CA. Une ressource bien nécessaire !