Oser l'alchimie au coeur de nos laboratoires intérieurs


Par Anne-Claire Delval, nous partageant ses traces des six jours du séminaire d'approfondissement animé par Eliane Laxague en janvier et avril 2015

 

Article paru dans le TresSage 4 de juin 2015.

 

1980. J’ai 10 ans. Ma grand-mère me fredonne un air d’Enrico Macias : « Ouvre-moi la porte toi qui as la clef /De la grande école du monde ... ».

2015 : elle quitte le monde physique quelques jours avant ma nouvelle plongée dans celui d’Eliane. Un sacré cap pour moi au milieu de mon chaos actuel. Un pan qui s’écroule, une attache qui se rompt, un passage à vivre, douloureux. Liens, synchronicités, toujours eux, en toile de fond, juste au moment où Eliane nous propose d’« emprunter le chemin qui mène du connu du corps à l’inconnu ou étincelle divine qui habite en nous et cherche à se manifester ».

Je la suis, accompagnée d’autres acolytes et dont certains ont laissé des traces qui émaillent ce récit. Elle nous guide au fil de l’expérimentation qui va consister à franchir les passages (tiens ! tiens !) que symbolisent les 12 portes (tiens ! tiens ! Mamie avait vu juste.) du processus alchimique. Ouvrir ? Entrebâiller ? Franchir ? Rester sur le seuil ? Quoiqu’il en soit, ces portes qui protègent, séparent, délimitent, cachent, dissuadent,... attisent la curiosité, ne laissent pas indifférent. Une fois poussées, elles offrent un changement de point de vue plus ou moins radical et surtout le sacrifice du précédent (capter la dimension « sacrée » de l’affaire).

Tenter l’expérience dans notre propre maison relève du même procédé que celui de l’alchimiste qui travaillait à la transformation de la matière. Il s’agit seulement de besogner dans notre laboratoire intérieur. Nos marmites vont bouillir au gré des séances et de l’éclairage d’Eliane. Effervescence, turbulence, refroidissement, apaisement... bienvenue dans l’officine.

 

Qu’elle soit secrète ou blindée, trouver le sésame pour ouvrir cette porte. L’alchimie de la sophrologie, la magie des mots et un soupçon de poussière d’étoiles va nous permettre d’y accéder. Traverser le miroir de notre conscience et avancer sur le chemin lumineux de l’éveil. Kristel

 

12 portes. Pas moins. Etapes nécessaires, sur lesquelles il faudra revenir à plusieurs reprises car si la vie nous met sur le chemin de l’individuation, il ne s’achève jamais réellement. Il va s’agir de tout remettre en jeu, sortir de notre habituelle banalité pour chercher, sous tous les angles possibles comment passer ces portes. D’autant moins facile qu’elles sont parfois fermées, coincées voire cachées, voilées, rendues invisibles à la conscience ordinaire. Trouver clefs, poignées, solutions quand ça bloque...  tous ces paramètres qui existent en nous.

 

Porte 1 : la purification. Avec le feu, réduire en cendres pour se débarrasser plus aisément de ce qui encombre. Remettre en mouvement. Dans nos vies, le feu que représentent nos épreuves va permettre à la conscience d’avoir « le feu sacré » car il faut de l’énergie pour transformer le métal. Elles mettent en route. Cette descente dans le noir, servile, sale, qui pue, est capitale pour aller vers la lumière. Accepter ce sombre est incontournable pour remettre du mouvement, rebondir. Mobiliser l’intérieur pour repartir vers :

la porte 2 : la dissolution. Ici, il est question de 2 éléments qui se mélangent pour transformer et devenir une nouvelle réalité. Le temps liquide, impossible à retenir entre nos mains, sert de solvant pour atteindre un état différent. Il est à l’œuvre dans nos séances de sophrologie, lors de la pause qui vise à ajuster, apprécier, observer, rectifier, prendre conscience de ce qui se trame, des choses qui se vivent et à vivre. Etat transitoire, fait de contraires et d’opposés bien souvent qui va déboucher sur...

la porte 3 : la séparation. Toutes nos fonctions (sensorielles, émotionnelles, intuitives) jouent un rôle pour nous dépouiller de nos attachements premiers, de certaines attitudes vis-à-vis de l’avoir mais aussi de notre persona. Tout devient alors possible, même si rien n’est gagné. Cette nécessité de séparation se fait sans ordre précis, selon un axe plutôt circulaire, repassant fréquemment par la case départ.

 

Porte 4 : la conjonction. Elle crée une possibilité d’interpénétration qui va donner une vastitude (qui peut se révéler inquiétante), mais il y a d’abord une nécessité de « dé-fusion » donc de sortir du chaos. Quand la part d’ombre est intégrée, un renouveau devient possible, l’énergie ayant préalablement été remise en circulation par le travail de nettoyage, de purification.

 

Porte 5 : la putréfaction. Travail du compost, du côlon dans notre corps, qui oblige à un certain nombre de régulations, exige beaucoup d’humilité mais va permettre la fertilité. Qu’est-ce qui se joue ? : oser notre unicité dans ce qu’elle est, non dans ce qui nous est demandé. Rester nous-mêmes tout en nous adaptant à notre société et en prenant garde à nos duperies, notre séduction intérieure.

 

L’alchimie : quelle belle œuvre que d’avoir accès à son laboratoire intérieur pour travailler, expérimenter en conscience afin de permettre sa propre transformation au service de l’humanité. Marie

 

Porte 6 : la congélation : conscience que ce que nous avons commencé à transformer est en adéquation avec ce que nous souhaitons mais cela va donner une matière sèche que je n’ai pas forcément envie de garder. Puissance du fait de bien vouloir se poser, d’ouvrir, pour que les choses puissent se vivre, ce qui est impossible dans l’agitation...

 

Porte 7 : la nourriture, carburant nécessaire à toute transformation mais qui doit être en adéquation avec nos besoins et nos limites. Ni trop, ni trop peu. Encore une question d’équilibre. Se mettre à table est une excellente porte d’entrée vers la connaissance de soi. On ne garde pas tout ni physiquement ni symboliquement : digérer revient à éliminer ce qui ne nous convient pas ou plus. Nourrir à la fois le corps, l’âme et l’esprit, y compris avec les 4 éléments (eau, terre, feu, air) en adaptant à nos limites, nos besoins.

 

Porte 8 : la sublimation pour spiritualiser le corps et corporifier l’esprit simultanément afin de stabiliser cet état et fixer l’esprit dans le corps, ce qui va permettre la rectification permanente et éviter que le « sale » porte ses fruits. C’est le ballon du laboratoire qui va laisser passer la lumière.

 

Porte 9 : la fermentation : comme le pain a besoin de levain, il y a cette notion que les choses ne se font pas toutes seules. Notre ferment sera le travail. Il nous amène à envisager une nouvelle façon de vivre, à une profonde transformation qui ne revient pas à jeter l’ancien mais s’appuyer dessus. Transformer notre ego qui veut briller en celui qui éclaire !

 

Alchimie : vivre la transformation de chaque expérience de vie en une occasion d’expérimenter la joie. Dominique

 

Porte 10 : l’exaltation, la joie, présente infailliblement en nous, malgré le noir autour ! Tout se traverse si je veux bien ne pas m’identifier aux épreuves. L’enthousiasme perdure au-delà et permet de dépasser les choses difficiles. Se nourrir, se (re)connecter à cette source inconditionnelle, cette invitation quotidienne à être heureux qui rend contagieux, attire tous les autres potentiels. Une teinture facile, revivifiante, à distribuer...

 

Je suis une alchimiste. Dans mon laboratoire, j'expérimente et je transforme ma vie. Je lui donne un nouvel éclat. Au-delà des épreuves, je ne perds pas la joie : la vie est belle ! Fabienne

 

Porte 11 : la multiplication : l’or alchimique, liquide, sort de notre bouche sous forme de parole, de partage. Cela nécessite de l’humilité car c’est à force de passer et repasser sur ce chemin, de travailler que, peu à peu, la possibilité de vivre les choses autrement va s’installer. En multipliant, nous nous déployons dans l’espace. L’alchimie moderne revient à trouver l’or en mettant en mouvement nos expériences, en spiritualisant la matière. Comme tout équilibre, sa stabilité passe par le mouvement.

 

Porte 12 : l’augmentation qui existe grâce aux autres et offre l’expansion. Notre sophro permet de vivre (et non de penser) cette incarnation qui nous est propre. Corps-âme–esprit constituent un tout et chaque chose à la fois. Ces 3 principes indissociables composent une unité et participent solidairement à la mise en lumière : la transmutation.

 

La lumière qui descend dans la matière. Christian

 

La pratique alchimique prend du temps : l’être entier advient certes, mais n’est jamais achevé. Ne jamais oublier que tout ce que nous vivons permet la suite ! La sophro aide à recomposer sur différents plans pour accéder au renouveau et « oser devenir notre propre porte-bonheur ».